Immobilisée dès son enfance par des crises d'asthme, Alison Svoboda a toujours trouvé dans la peinture un espace de respiration. Un espace subjectif à l'extérieur d'elle-même. Un espace génétique au sens où son invisible germe de lumière fructifia longtemps dans la nuit avant de révéler peu à peu ses lueurs de tendresse aurorale qui n'ont fait que gagner en intensité dans les dernières années.
Le blanc-de-lumière qui apparaissait déjà dans sa peinture s'est intensifié plus tard après une expérience proche de la mort résultant d'une insuffisance respiratoire, expérience intérieure à laquelle il n'est pas interdit de faire allusion en citant la métaphore d'Apulée : « le soleil luisant au milieu de la nuit ». En termes énigmatiques : le blanc-du-noir.
Posée il y a plus de trente ans par Yves Klein, la question du dépassement de la problématique de l'art reste vivante.
La peinture, écrivait-il, est fonction de la seule chose qui ne nous appartienne pas en nous : « notre VIE ». Pour Alison Svoboda, l'art est un moyen opératif de transformer sa propre matière première de chair et de sang en lumière consciente. C'est un chemin sans chemin, « non tracé, non indiqué, tout intérieur » (Hadewych) où elle s'aventure en aveugle vers les clartés inconnues. Sa démarche plastique a toujours été intuitive et spontanée, sans la moindre référence alchimique à quelque « opus transmutationis » que ce soit, même si nous croyons percevoir entre elles de lumineuses correspondances. Parler de peinture abstraite n'a aucun sens à propos d'un processus qui rend concret l'abstrait et abstrait le concret. C'est dans le silence qui la traverse que s'opère en un seul et même acte l'illumination de la matière et la matérialisation de la lumière.
Alison Svoboda peint l'inconcevable avec le bout des doigts ou le plat de la main. Elle pose sur sa toile de fines couches translucides qu'elle efface si nécessaire jusqu'à ce qu'elle obtienne une transparence de la matière qui réponde à son attente.
Et, suggérée par l'intensité des blancs-de-lumière, la présence d'une imprévisible verticalité intérieure.
Ce blanc-de-présence n'a plus valeur de vertige ou de négativité.
Ce n'est pas non plus un blanc neutre. C'est un blanc exalté, doué d'intensité, irradiant sa propre lumière éthérée dans l'ensemble du tableau. Il y a synthonie entre ce blanc-de-lumière et les nuances évanescentes ou déréalisantes créant leur propre espace subtil comme si les subtilités des couleurs incarnaient des états d'émotion, voire des états de conscience de la matière.
On a cru voir dans l'œuvre d'Alison Svoboda, d'origine anglo-tchèque, une influence du dernier Turner. Pourquoi pas de Malévitch ou de Ben Nicholson. La peinture d'Alison Svoboda est ailleurs. Il est visible que ses blancs-de-lumière sont intrinsèques à la matière picturale elle-même. Plus secrète-ment, la lumière de ses blancs est en puissance lumière-de-feu comme si l'œuvre au blanc portait au cœur d'elle-même l'œuvre au rouge.
S'il est des œuvres éveilleuses qui opèrent en nous un étrange pouvoir d'apaisement et de présence à nous-mêmes, celle d'Alison Svoboda est en effet opérante: elle nous ouvre un nouvel espace intérieur infiniment ouvert. Ce n'est pas un art de fascination. C'est un art de communion qui révèle à sa source le sens utlime de la vision du peintre: la nostalgie absolue de l'incandescence, la positivité de la mort ou son inconcevable source-de-feu dans la plénitude du blanc.
Michel Camus
« Peindre pour transcrire la respiration du monde » dit-elle.
Alison Svoboda crée des œuvres sur la transparence, qui comme une voie, donne à regarder des couleurs effilées sous les doigts et laisse naître une vision de la frontière entre des mondes, ou qui comme une voix donne à écouter le vacarme du blanc, du clair au-delà des couleurs. Tel un batelier, elle invite le spectateur à explorer la réalité, traverser vers d’autres contrées.
Elle revendique des appartenances. La Grande Bretagne où elle est née, celle de JMW Turner qui la bouleverse par ses atmosphères annonciatrices de l’impressionnisme, ou de Ben Nicholson pour qui la peinture était « de la pensée et non du pigment ». La culture japonaise qu’elle adopte et sa calligraphie, entre expression et mystère. Les villes où elle a vécu, peint, exposé comme Londres, Berlin, New-York, Naples ou Paris, chacune avec ses luminosités.
Sa peinture se nourrit d’alliances avec la musique, le chant, l’écriture et la mise en scène, des pratiques indispensables pour susciter des émotions chez l’autre et espérer combattre le vertige du monde.
A contempler.
Frédérique Thureau
Quelques expositions
1980- Exposition personnelle privée -75016 Paris
1961- Exposition personnelle- Galerie Obliques-75004 Paris
1982- Exposition personele privée clo Dejean-75016 Paris
1983- Exposition collective - Galerie 55-75008 Paris
1984- Exposition collective - Mairie des Lilas-75019 Paris
1984- Exposition personnelle- John Gallery- Londres 1986- Exposition à deux - Galerie Hérouet-75004 Paris
1987- Exposition personnelle - Galerie Hérouet-75004 Paris
1988- Exposition personnelle - Galerie Ameno, Naples- Italie 1989- Exposition personnelle - Galerie Ameno, Naples- Italie
1990- Exposition personnelle privée- Chateau de la Chaudeau
1991- Exposition personnelle - Galerie Sculptures -75006 Paris 1991- Vente de toiles, à Drouot Richelieu par Ader, Picard, Tajan, Paris
1991 1992- Exposition personnelle- Eldridge Gallery-New York
1995- Exposition collective -Osloer Fabrik Kulturzentrum- Berlin
1997- Exposition personnelle privée-Zürich 2000- Exposition Communic'Art-75014 Paris
2002- Exposition personnelle privée c/o Burstall-75016 Paris
2004- Exposition à Zürich, Suisse, Trachsel 2005- Exposition privée -75004 Paris.
2006 Exposition privée Båle, Suisse
2007-2008- Exposition Galerie A Cadre, 75006 Paris
Immobilized by asthma from childhood, Alison Svoboda has always found a space for breathing in painting—a subjective space outside of herself. It is a genetic space, in the sense that her invisible seed of light took root in the darkness long before gradually revealing its tender dawn-like glow, which has only intensified in recent years.
The white light that was already present in her paintings grew stronger after a near-death experience caused by respiratory failure. This inner experience, reminiscent of Apuleius's metaphor, "the sun shining in the middle of the night," can be enigmatically described as "white-from-black."
More than thirty years ago, Yves Klein posed the question of transcending the problematic nature of art—a question that remains alive today. Painting, he wrote, is connected to the only thing within us that we do not own: "our LIFE." For Alison Svoboda, art is an operative means of transforming her own flesh and blood into conscious light. It is an uncharted path, "unmarked, unindicated, entirely internal" (Hadewych), where she ventures blindly toward unknown illuminations. Her artistic process has always been intuitive and spontaneous, without the slightest alchemical reference to any "opus transmutationis," even though we may perceive luminous correspondences between them. Speaking of abstract painting is meaningless when discussing a process that makes the abstract concrete and the concrete abstract. In the silence that permeates her work, the illumination of matter and the materialization of light occur in a single act.
Alison Svoboda paints the inconceivable with the tips of her fingers or the palm of her hand. She applies thin translucent layers to her canvas, erasing them if necessary, until she achieves a transparency of matter that meets her expectation. This is suggested by the intensity of the whites-of-light and the presence of an unpredictable inner verticality. This white-of-presence no longer represents vertigo or negativity. Nor is it a neutral white. It is an exalted white, endowed with intensity, radiating its own ethereal light throughout the painting. There is harmony between this white-of-light and the evanescent or derealizing nuances that create their own subtle space, as if the subtlety of colors embodied states of emotion or even states of material consciousness.
Some have seen in the work of Alison Svoboda, of Anglo-Czech origin, an influence from the late Turner, or perhaps from Malevich or Ben Nicholson. Yet her painting belongs elsewhere. It is evident that her whites-of-light are intrinsic to the pictorial material itself. More secretly, the light of her whites carries within it a potential light-of-fire, as if the work in white also contained within it the work in red.
If there are works that awaken in us a strange power of calm and presence, then Alison Svoboda’s work is indeed effective: it opens within us a new, infinitely open inner space. This is not an art of fascination but an art of communion, revealing at its source the ultimate meaning of the painter’s vision: the absolute nostalgia for incandescence, the positivity of death, or its inconceivable source-of-fire in the fullness of white -
Michel Camus
"Painting to breathe with the world", she says.
Alison Svoboda paints about transparency. As the eye travels along the threads of colour stretched by her fingers over the canvas, one discovers a vision of a threshold between worlds. Beyond colour, the ear perceives sounds of whites, of light. Alison Invites the onlooker to get on board and allow to be carried away on an exploration voyage to far-off destinies and perhaps other realities.
She has her roots: Great Britain for one, where she was born and where she was overwhelmed by JMW Turner and Ben Nicholson who maintained that painting "...is thought, not pigments". Early on she was attracted to Asiatic art, philosophy and calligraphy, particularly those of Japan. The cities where she lived and exhibited her work London, New York, Naples, Paris each influenced her with their own views on light.
Her painting is tightly linked to her relationship with music, voicework, writing and theatre directing. It is urgent to share human emotion in the hopes that they will stave off our attraction to the human abyss.
A must.
Frédérique Thureau
Some exhibitions
1980- Private personal exhibition -75016 Paris
1961- Personal exhibition- Galerie Obliques-75004 Paris
1982- Private personal exhibition clo Dejean-75016 Paris
1983- Collective exhibition - Galerie 55-75008 Paris
1984- Collective exhibition - Mairie des Lilas-75019 Paris
1984- Personal exhibition- John Gallery- London 1986 - Exhibition for two - Galerie Hérouet-75004 Paris
1987- Personal exhibition - Galerie Hérouet-75004 Paris
1988- Personal exhibition - Ameno Gallery, Naples- Italy 1989- Personal exhibition - Ameno Gallery, Naples- Italy
1990- Private personal exhibition- Chateau de la Chaudeau
1991- Personal exhibition - Galerie Sculptures -75006 Paris 1991 - Sale of paintings, at Drouot Richelieu by Ader, Picard, Tajan, Paris
1991 1992- Personal exhibition- Eldridge Gallery-New York
1995- Collective exhibition -Osloer Fabrik Kulturzentrum- Berlin
1997- Private personal exhibition-Zürich 2000- Communic'Art exhibition-75014 Paris
2002- Private personal exhibition c/o Burstall-75016 Paris
2004- Exhibition in Zurich, Switzerland, Trachsel 2005- Private exhibition -75004 Paris.
2006 Private exhibition Basel, Switzerland
2007-2008- Galerie A Cadre Exhibition, 75006 Paris